Article SUD-OUEST 5 Août 2020

« Nous travaillons actuellement sur la création d’un atelier spécifique en bio avec un objectif de démarrage en 2021 ».

Gilles Pécastaing

Center Porc associe plein air et photovoltaïque.

Gilles se lance dans un projet pilote pour produire du porc bio sous des panneaux à énergie solaire.

Depuis plus de dix ans Gilles Pécastaing élève des porcs à la ferme La Bruyère, à Pissos. Après avoir commencé par fournir les professionnels et les distributeurs, il a vite compris que la meilleure façon de valoriser sa production était la vente directe, dans la boucherie-charcuterie qu’il a monté dans sa ferme. Puis, ayant réussi à produire une viande de qualité avec son Prince Noir de Biscay, à partir de deux races différentes ( le Duroc et le Berkshire), il a été distingué par les grands chefs Michel Guérard et Jean Coussau, très friands de son porc haut de gamme.

Devenu aussi fournisseur de trois boucheries (Paris, Lyon, Nice), de salaisonniers et de quelques grandes et moyennes surfaces pour des produits plus classiques, il se concentre désormais sur la demande du consommateur.

« Le bien-être animal, la non castration à vif des porcelets (qui sera exigée en 2021), l’agriculture biologique, c’est cela qui va faire venir la clientèle maintenant, dit-il. Et aussi l’élevage en plein air, où les animaux se sentent mieux. »

Gilles Pécastaing

Le plein air sous abri

Mais sur ce créneau, il y a un risque pour les cochons, c’est la peste porcine, qui peut être véhiculée par les sangliers sauvages.

« Or le sanglier, on ne peut pas l’arrêter si on fait du plein air intégral, dit Gilles Pécastaing. Même avec des clôtures et des barrières, il va tout faire pour venir s’alimenter avec les porcs d’élevage. Alors, je suis en train de mettre en place un nouveau procédé, le plein air sous abri. »

Une expérimentation qu’il mène déjà depuis plus d’un an sur sa ferme, avec des truies mères qui allaitent leur petit en plein air, avec mise bas en liberté. « On laisse faire les animaux, on observe leur comportement pour voir ce qui convient le mieux. Actuellement, les truies sont dans un bâtiment où elles sont nourries, avec un accès extérieur à un parc de stabulation, quand elles veulent, puis elles reviennent pour s’abriter, par exemple par mauvais temps. »

Pâturages tournants

Mais la grande révolution que l’éleveur de La Bruyère prépare, c’est le plein air sous abri avec panneaux photovoltaïques. « Des bâtiments clos recouverts de panneaux photovoltaïques côté Sud, explique Gilles Pécastaing, et des panneaux de verre côté Nord, avec ventilation, donnant sur des parcs enherbés. Et pour les truies, qui aiment bien brouter de l’herbe, je songe à planter des prairies de trèfle et de luzerne pour avoir des protéines naturelles, le reste de l’alimentation étant composé de maïs, soja et orge bio produits sur place. On pourra faire des pâturages tournants, pour éviter le piétinement, et même les irriguer. Ce projet pilote en termes de bien-être animal va cumuler les avantages du plein air avec ceux du bâtiment. »

Un projet de 6 hectares

Un vaste projet de 6 hectares de tels bâtiments ( la demande de permis de construire a été faite) est en cours de montage, avec une société de gestion photovoltaïque pour la construction. « L’investisseur sera rémunéré en vendant l’électricité produite, et j’ai aussi plusieurs transformateurs et saisonniers intéressés, indique l’éleveur. Je ferai peut-être appel à des fonds volontaires. Ce projet pilote en termes de bien-être animal va cumuler les avantages du plein air avec ceux du bâtiment : biosécurité, température, pas de parasitisme. Avec des arbustes au pied des poteaux, pour bâtir un écosystème vertueux attirant libellules, coccinelle, papillons… ». La densité sera très faible, 1000 mètres carrés par animal (alors que c’est 5 en élevage en dur aujourd’hui). Le nom du projet est déjà tout un programme : Center Porc.

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